La victimisation des femmes, c’est l’envers du contrôle des hommes, sa contrepartie. C’est un processus qui se développe dans toutes les sociétés où des hommes peuvent “légitimement” recourir à la violence et réduire les femmes à l’impuissance. Ce contrôle est renforcé socialement par un climat de peur (quelle femme aime se promener seule la nuit tombée ?) et par une socialisation qui, encore aujourd’hui, dépossède les femmes de leurs corps, une socialisation centrée sur les autres et non sur leurs propres besoins. Dès le plus jeune âge, les femmes sont conditionnées à plaire, à se préoccuper des autres et de leur apparence. Elles se font sans cesse rappeler l’importance d’être jolies et de soigner leur corps pour le garder jeune, mince et parfaitement lisse. Pourquoi ?
Pour plaire aux hommes. Un des effets pervers de ce discours sur la beauté fémine est qu’il permet à tous de commenter le corps des femmes, de le critiquer comme s’il était une chose, une propriété publique. Les femmes perdent ainsi le contrôle de leur propre corps.
L’industrie de la mode, celle des cosmétiques, la publicité, les vidéoclips, entre autres, imposent un modèle féminin stéréotypé où la femme doit être jeune, belle et sexy à tout prix. Les jeunes filles, bien qu’apparemment plus en contrôle de leur vie, plus affirmées et volontaires que les générations préccédentes croit-on, se trouvent prises au piège d’une sexualisation et d’une représentation exacerbées de leur image corporelle. Ce piège les rend souvent vulnérables et fragiles au regard de l’autre, surtout à celui des hommes. Cette vulnérabilité se répercute bien évidemment dans les rapports intimes entre les hommes et les femmes. Voulant plaire à tout prix, elle finiront par accepter des comportements intolérables, dans leurs relations amoureuses. En quoi, pour conclure, la victimisation des femmes alimente-t-elle la violence conjugale ?
En ce qu’elle conduit les femmes à être décentrées d’elles-mêmes, à douter constamment de leurs propres perceptions, de leurs capacités à se défendre, de leur propre valeur. Dans ce contexte, les agressions seront perçues comme inévitables et justifiées. L’invalidation par les femmes de leur interprétation de la réalité entretien un système où des hommes ont la certitude d’avoir tous les droits – y compris celui de tuer – et où des femmes en viennent à prendre sur leurs épaules la responsabilité de la violence des hommes. Dans le cas où elle utilisent des moyens de défense, elle interprètent ce omportement de proteciton comme étant le relfet de leur violence.
Michelle Cody, intervenante à La Gigogne