Lettre à mon amie – 8

Ma grande amie,

J’ai du mal à y croire, mais ça y est… J’ai fait le grand saut. Je suis partie de la maison avec mon fils ce matin. Lundi midi, j’ai contacté une maison d’hébergement afin de prendre de l’information. Je ne voulais pas appeler de la maison, alors je suis restée dans mon bureau lorsque mes collègues sont sortis dîner. L’intervenante à qui j’ai parlé a pris le temps de m’écouter et de répondre à toutes mes questions. Elle était bienveillante envers moi et je ne me suis pas sentie jugée. Nous avons parlé de ce qui m’amenait à demander de l’aide, de ma relation avec Paul et de mes craintes. Nous avons regardé ensemble les options possibles pour moi, si j’avais un endroit sécuritaire où aller. Lorsque j’ai mentionné à l’intervenante que je craignais que mon mari ne vienne me harceler chez ma mère si je m’y installais, elle m’a demandé si j’avais envisagé la possibilité de venir en maison d’hébergement. Elle m’a parlé de la réalité de la vie communautaire et de l’aide offerte par les maisons d’hébergement.

J’ai été soulagée d’apprendre qu’il n’y avait pas de frais pour la chambre, les repas et les rencontres d’intervention pour les femmes et les enfants. Ça donne le temps de se remettre sur pieds. Elle m’a expliqué que leur maison était comme une grande demeure familiale avec des aires communes, dont le salon, la cuisine et la salle de jeux, quelques bureaux et des chambres privées. J’ai senti que c’était ce que je devais faire et j’ai demandé si on pouvait me réserver une chambre. Je voulais partir le plus vite possible, car j’avais peur que Paul ne se rende compte d’un changement dans mon attitude. Il y avait bien une chambre disponible pour Samuel et moi. L’intervenante m’a donc aidée à planifier mon départ de façon sécuritaire. Après avoir raccroché, je me sentais fébrile mais plus sure de moi.

Le lendemain matin, dès que Paul est parti pour le bureau, j’ai avisé mon patron que je n’irais pas travailler et j’ai informé l’école que Samuel serait absent. J’ai écrit un mot à Paul, puis j’ai dit à Samuel que nous allions dans un endroit pour nous reposer tous les deux. Ensuite, j’ai préparé nos valises et nous sommes partis. Trente minutes plus tard, je sonnais à la porte de la maison d’hébergement. L’intervenante nous a accueillis chaleureusement. Elle nous a fait visiter la maison. C’est calme et bien aménagé. Nous avons une chambre juste pour nous deux. On nous a présenté les autres résidentes. Ensuite, pendant que Samuel s’amusait dans la salle de jeux avec l’intervenante jeunesse, j’ai rencontré mon intervenante dans son bureau. J’ai pu parler de mes émotions, de mes craintes, de mes attentes. Cela m’a fait du bien. Samuel et moi sommes en sécurité maintenant.

Merci de m’avoir encouragée à foncer.

Je vais prendre le temps de m’installer et je te recontacte dès que possible.

 Sylvia

 

Lors d’un épisode de violence ou de menace : 911

Tu peux appeler à La Gigogne en tout temps au 418-562-3377 ou

par courriel intervenantesgigogne@hotmail.com

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