La parentification de l’enfant amène celui-ci à exercer des rôles qui ne sont pas les siens. L’enfant parentifié peut jouer le rôle du parent de ses parents (par exemple, l’enfant qui prend soin, console, arbitre les conflits) ou de ses frères et soeurs (par exemple, l’enfant qui discipline les plus jeunes, voit à leurs besoins quotidiens), ou encore il peut agir comme compagnon à l’égard de son parent (par exemple, l’enfant confident ou conseiller pour les relations conjugales, l’enfant ami du parent).
Les tâches que l’enfant doit accomplir à la place de son parent sont aussi diversifiées que de préparer les repas, s’occuper des corvées domestiques, faire la discipline pour les plus jeunes, être responsable du budget, répondre aux besoins émotifs des parents, combler leur besoin d’estime de soi, servir de confident, de médiateur, de gardien de la paix.
À un certain degré, il peut être sain et approprié que l’enfant réponde aux besoins émotionnels de ses parents. Mais, des responsabilités trop grandes, peu adaptées à l’âge et au niveau des développement de l’enfant, mal définies et non accompagnées de l’autorité et du soutien parental suscitent la détresse de l’enfant. L’enfant parentifié a ainsi du mal à s’individualiser et à devenir lui-même. Aux yeux de l’enfant les besoins de l’autre peuvent devenir plus importants que ses propores besoins. Les enfants parentifiés manquent de temps pour les apprentissages scolaires et présentent souvent des retards sur le plan des études. Trop souvent ils s’absentent de l’école et restent à la maison pour veiller sur leur mère ou les plus jeunes. Certains arrivent à l’école, le matin, épuisés après une nuit de violence où ils ont peu ou pas dormi et trop fatigués pour réaliser les apprentissages attendus d’eux. Leurs notes sont en chute libre et, si le climat familial ne s’assainit pas, ils seront à l’adolescence candidats à l’école buissonnière et au décrochage scolaire. Les enfants parentifiés souffrent d’isolement social, ce qui s’accompagne souvent d’anxiété et de dépression. La parentification peut débuter très tôt dans la vie de l’enfant. Dès deux ans, les enfants tentent de consoler leurs parents. À l’âge scolaire, la fréquence et la sévérité de la violence conjugale accentuent la parentification. Le sentiment qu’éprouve l’enfant d’être inadéquat et responsable de la violence a aussi pour effet d’augmenter la parentification.
L’enfant parentifié peut retirer une certaine valorisation à exercer un rôle de parent, lequel peut lui donner un sentiment de moindre impuissance ou de moindre culpabilité. La création de nouveaux lieux de reconnaisssane et d’actualisation est souvent nécessaire pour contrer chez l’enfant l’attrait de la parentification. De même, les adolesncents peuvent jusqu’à un certain point apprécier être parentifiés, cela constituant en quelque sorte une reconnaissance de leur niveau de maturité. Toutefois, ceux-ci doivent conserver l’espace nécessaire pour vivre leur adolescence. ils doivent pouvoir aussi compter sur le soutien parental essentiel à leur développement.
Certains parents seraient plus suceptibles que d’autres de parentifier l’enfant, notamment ceux dont les capacités à affronter le stress sont plus limitées ou encore dont les propres besoins dans l’enfance n’ont pas été comblés de manière satisfaisante. Le fait que, pour une proportion importante de femmes, la violence conjugale suscite beaucoup de détresse et de la dépression n’est peut-être pas étranger aux surcharges imposées à l’enfant / adolescent.