Ma très chère Sylvia,
Je comprends ta grande fatigue et le fait que ta tête semble bien prise par tout ce que tu vis. Bien sûr, j’aurais aimé que tu te joignes à nous pour cette mémorable soirée. Je nous y voyais déjà comme deux petites filles au collège s’évadant de la surveillance parentale pour une soirée entre amies. Mais je respecte ton choix. Tu me diras si je me trompe, mais est-ce pour éviter une confrontation avec Paul que tu préfères renoncer à cette soirée si attendue? Je comprends que tu puisses te demander où trouver l’énergie de le convaincre de te laisser passer une soirée avec tes amies. Sans parler de sa réaction possible au retour.
Cela dit, je ne crois pas que de voir un psychologue ou un prêtre ensemble pourrait faire un changement dans ta situation. C’est Paul qui a un problème de violence et toi tu en écopes en étant victime de ses comportements. En voyant tes interrogations, j’ai compris que si je voulais t’aider, te supporter, je devais aller chercher de l’information et surtout ne pas fermer les yeux. Sur mon petit guide que je me suis procuré à la clinique médicale la semaine passée, il y avait le numéro de téléphone d’une ligne d’écoute 24h. J’ai donc contacté une maison d’hébergement qui vient en aide aux femmes et aux enfants qui sont victimes de violence conjugale. Une intervenante a répondu à mes questions et m’a appris que lorsqu’une femme vit de la violence conjugale, il arrive souvent que ses maux se traduisent physiquement. L’insomnie, la fatigue, l’anxiété, la dépression et les séquelles liées aux coups reçus sont malheureusement monnaie courante. Alors, lorsque j’ai lu dans ta lettre toutes les émotions contradictoires qui t’habitent, ton manque de sommeil et d’énergie, j’ai encore mieux compris comment tu peux te sentir. L’intervenante m’a appris que ce sont là quelques-unes des conséquences qu’a la violence conjugale sur la santé des femmes.
Crois-tu mon amie que la violence que tu subis et que tu constates pourrait avoir de plus en plus d’impacts sur ta santé ? Je comprends à quel point ça peut être difficile pour toi de t’avouer que Paul a des comportements violents et que ton mariage n’est pas ce que tu t’étais imaginé au départ. Quel dilemme tu dois vivre au quotidien ! Je comprends toute l’ambivalence que cela peut te faire vivre, de même que le sentiment de honte et les questionnements qui te torturent.
Tu sais Sylvia, j’ai vraiment l’impression que ton corps te parle, qu’il te demande de réagir. Je suis inquiète pour ta santé physique, mais aussi psychologique. Pourquoi tu n’irais pas consulter Dr Emeryse, elle est si prévenante. Peut-être que, lorsque tu te sentiras prête, tu pourrais contacter une maison d’aide et d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale. Je suis certaine qu’elles pourront être à ton écoute et te soutenir dans ta réflexion. Je te laisse des numéros de téléphone au besoin.
Avec amour et compréhension.
Élyse xxx