Lettre à mon amie – 7

Bonjour Élyse,

Suite à ma discussion avec le professeur de maternelle, j’ai eu une longue conversation avec mon petit garçon et j’ai compris à quel point il était anxieux et malheureux. Je m’en veux tellement de ne pas avoir vu tout cela plus tôt. Si tu savais tout ce qu’il m’a raconté…

Je lui cachais des choses pour le protéger et lui faisait la même chose pour moi. Mon fils qui tente de me protéger, c’est le monde à l’envers. Tout ce temps-là, je croyais que Paul n’était agressif qu’avec moi. Je me trompais Élyse.

Samuel m’a confié comment les choses se passaient lorsqu’il était seul avec son père. Des cris, des mots blessants, des pénitences injustes… Un jour, il a cassé son hockey en deux sous prétexte qu’il avait oublié de le ranger. À moi, il avait dit que c’était un accident dans la cour d’école. Mon pauvre petit… Je m’en veux et j’en veux à Paul. Je suis tellement en colère ! Je voudrais lui dire en face tout ce que je pense de lui et de sa méchanceté. Mais j’ai peur qu’il en profite pour nous faire encore plus de mal à Samuel et moi. Il a tout brisé Élyse ! Nous aurions pu être si heureux s’il y avait mis du sien.

J’ai le cœur gros, mais ma décision est prise. Je ne sais pas comment je vais y arriver, mais je dois partir. Ce qui est difficile, c’est que je dois organiser mon départ sans éveiller les soupçons de Paul ou de ma belle-famille. Il faut que je continue d’agir normalement. Sinon, j’ai peur qu’ils arrivent à me convaincre de rester par des menaces, des promesses ou en me culpabilisant. Je sais que je suis encore fragile et je me sens déjà assez coupable comme ça.

Mais non, ils ne me retiendront pas. Il y a quelque chose qui s’est brisé en moi lorsque j’ai vu mon petit ange pleurer toutes les larmes de son corps. Je n’ai plus d’espoir que Paul change. Maintenant, ma priorité est de protéger mon enfant et de le rassurer. Peut-être que nous aurons des épreuves et des difficultés à surmonter, mais nous serons ensemble et nous vivrons dans un environnement sain et paisible.

Je pense que je vais suivre tes conseils et contacter une maison d’hébergement. Peut-être qu’avec l’aide d’une intervenante je réussirai à partir d’ici de façon sécuritaire. Je ne sais pas encore où j’irai. Ma mère nous accueillerait sûrement pour quelques jours, mais elle n’a pas beaucoup d’espace et c’est le premier endroit où Paul viendrait nous chercher. Je vais m’informer aussi sur le fonctionnement de la maison d’hébergement. Je t’en donnerai des nouvelles. Je me sens comme si j’étais sur le point de sauter dans le vide, mon amie. Mais je suis déterminée et je sais que je peux compter sur ton soutien.

Merci pour tout.

Sylvia

 

Lors d’un épisode de violence ou de menace : 911

Tu peux appeler à La Gigogne en tout temps au 418-562-3377 ou

par courriel intervenantesgigogne@hotmail.com

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