Déclaration sur la prostition

Déclaration du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale sur la prostitution

Adoptée par le Conseil des régions en avril 2015 suite à la consultation des maisons membres

Considérant que les maisons membres partagent la vision que :

• Le travail du sexe n’est pas un travail comme les autres;

• la prostitution est un non choix pour la majorité des femmes qui l’exercent;

• La prostitution est pour la majorité des femmes qui l’exercent une forme d’oppression et d’exploitation sexuelle, indissociable des rapports de pouvoir entre les sexes; • La prostitution constitue une marchandisation du corps et de la sexualité, particulièrement des filles et des femmes, et est une atteinte à leur droit à l’égalité;

• L’exploitation sexuelle se situe dans un continuum qui inclut la prostitution, la pornographie, l’esclavage sexuel, la traite des êtres humains et les agressions sexuelles de toutes sortes; • Cette exploitation a un impact à court et à long terme sur la santé physique et mentale et l’estime de soi des femmes;

• L’exploitation marchande du corps des femmes, largement banalisée et considérée comme inévitable, a aussi un impact sur toutes les femmes en tant que groupe. Considérant que les maisons membres constatent que : • Peu de moyens et de ressources existent pour aider les femmes à sortir de la prostitution;

• Dans la majorité des cas, l’insécurité économique et l’appauvrissement poussent les femmes vers la prostitution et que cette précarité économique va en s’amplifiant. Considérant que les maisons membres sont préoccupées que les mesures prises ne mettent pas en péril la sécurité des femmes dans l’industrie du sexe.

Considérant que les maisons membres estiment que les personnes prostituées ne sont pas des criminelles.

1. Il est proposé que le Regroupement poursuive ses efforts pour lutter contre le patriarcat et le capitalisme qui permettent l’exploitation et la marchandisation du corps des femmes.

2. Il est proposé que le Regroupement : a. poursuive l’objectif de l’élimination de la prostitution, tout comme il poursuit l’objectif de l’élimination de la violence conjugale; b. réaffirme que les femmes qui exercent la prostitution ne doivent pas être criminalisées.

3. Il est proposé que le Regroupement revendique :

a. L’élaboration d’une politique en matière d’exploitation sexuelle s’inspirant de celle en matière de violence conjugale et de son plan d’action;

b. La mise en œuvre de mesures sociales pour lutter contre la pauvreté et assurer aux femmes un revenu décent leur permettant de faire des réels choix;

c. La dispensation de cours d’éducation sexuelle et sur les rapports égalitaires dans les écoles;

d. La tenue des campagnes de sensibilisation décourageant l’achat de faveurs sexuelles;

e. L’accès aux services sociaux, de santé, judiciaires et policiers sans discrimination ni préjugés pour toutes les personnes prostituées, ainsi que des formations spécifiques pour les intervenantEs des réseaux publics;

f. La mise en place de mécanismes de soutien et de services d’aide à l’emploi pour les femmes dans l’industrie du sexe qui souhaitent se tourner vers un autre emploi;

g. La mise en place de mesures de réduction des méfaits pour les femmes qui sont dans la prostitution et qui ont besoin de soutien;

h. La création et le financement de services d’aide et d’hébergement spécifiques accessibles aux femmes qui veulent en sortir, à celles qui ont besoin de répit ou à celles dont la sécurité est menacée;

i. L’assignation de policières et policiers responsables du dossier prostitution tout comme il y a des porteurs des dossiers agressions sexuelles et violence conjugale.

1 comment

  1. Une nouvelle orientation du regroupement , intéressant !! Y aura t’il une formation annexée ? Nous auront besoin de développer les compétences ! Bonne journée 😉 Guylou

    Envoyé de mon iPhone

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