Ma nouvelle Sylvia,
Wow, comme tu es efficace ! Tes démarches avancent à grands pas. C’est vraiment agréable de penser que tu seras bientôt chez toi. Cela doit t’enlever un brin de pression.
En lisant ta lettre et le passage sur l’exercice du cercle, j’ai pensé à un article paru dans une revue. Tu sais le genre que j’adore, avec les petits tests psychos-pops rigolos. Un psychologue y parlait des différences dans l’éducation des hommes et des femmes. Il abordait la socialisation en énumérant ce que la société attend d’une fille et d’un garçon. Selon lui, encore aujourd’hui, une femme se doit d’être douce, émotive, serviable, séduisante, toujours prête à aider les autres tout en étant une bonne fille, une épouse dévouée, puis une mère aimante et une grand-maman disponible. Il parait même que de s’inquiéter pour ses proches est un comportement socialement désirable pour une femme. C’est une preuve d’amour. En bonne mère de famille, on s’inquiète pour nos enfants, nos parents, nos amies, notre mari.
Pour un homme, la société attend de lui qu’il ne montre pas trop ses émotions. Sa colère est plus acceptée que celle des femmes, mais il doit être fort, autoritaire, protéger sa famille et tenir le rôle du pourvoyeur. Autrement dit, nos enfants apprennent dès le départ qu’ils seront valorisés s’ils adoptent des comportements stéréotypés. Lorsque j’ai terminé ma lecture, je me suis aussitôt écriée «Il faut que ça change!!!». Ma patronne se demandait bien ce que j’avais à m’exclamer ainsi au beau milieu d’une cafétéria bondée. Mais, impossible de me taire. Imagine ce que vivent les personnes qui n’entrent pas dans le moule ! Et sans un changement des mentalités, comment contrer la violence conjugale?
En apprenant à nos filles à se centrer sur les besoins et le regard des autres plutôt que de prendre soin d’elles, est-ce qu’on ne risque pas de créer un terreau fertile pour des rapports inégaux dans un couple et possiblement le contrôle et la violence? Je mentirais si je disais que je ne me reconnaissais pas en lisant cet article. Je suis présente sur le marché du travail et on attend de moi que je sois efficace et compétitive. Mais les responsabilités liées à mon rôle traditionnel demeurent et entrent souvent en conflit avec les nouvelles exigences que je dois rencontrer. J’ai tout de suite fait le lien avec ce que tu m’as raconté au sujet de ta belle-mère. Son air de reproche visait probablement à te faire sentir coupable de t’éloigner du comportement attendu de toi. La culpabilité est tellement présente dans nos vies… Ta belle-maman se sent responsable au point de se sacrifier pour le bonheur des autres. Mais, le prix à payer est très élevé, surtout dans un contexte de violence conjugale. J’espère qu’en te voyant faire, elle se dira qu’il y a de l’espoir, que c’est possible pour elle aussi de vivre sans violence…
J’ai hâte que l’on puisse échanger toutes les deux sur ce sujet si prenant devant un bon café latté et confortablement installées dans ton nouveau salon !!!
Grosse Bise xxx
Élyse
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